Une précision concernant ce billet. Je parle ici de grossesses et de naissances dites à bas risque. C’est-à-dire ne présentant rien de particulier ou d’inquiétant qui nécessiterait une surveillance plus rapprochée. 1. La naissance est un processus physiologique naturel, involontaire et sécuritaire. La comparaison n’est pas gracieuse, mais vous vous en souviendrez. Le processus de l’accouchement est relativement semblable au processus d’élimination qui nous permet d’aller à selle. Contrairement à votre col de l’utérus, vous pouvez contrôler votre anus pendant un temps, mais vous ne pourrez pas vous passer d’aller aux toilettes éternellement, à un certain moment vos selles vont sortir toutes seules que vous le vouliez ou non. Allez à selle est également un processus physiologique et sécuritaire. « Sécuritaire » ne signifie pas qu’il n’y aura jamais de problème ou de très graves complications, mais que dans la grande majorité des situations cela se passe bien. En l’absence de pathologie, vous constatez que vous êtes capable d’aller à selle tout/e seul/e sans que personne ne vienne mesurer avec ses doigts la dilatation de votre anus et vous dire à quel moment pousser. Peut-être même que cela vous dérangerait quelque peu… ? Il en va de même lors d’un accouchement physiologique. Cela ne requiert pas de compétences particulières, si ce n’est d’être une femme. Et vous n’avez pas oublié comment faire, car ce savoir est inscrit dans vos cellules depuis que l’humanité est apparue. Une autre similarité entre les deux processus est l’environnement optimal pour permettre le bon fonctionnement du processus physiologique. Beaucoup de femmes s’enferment instinctivement dans les toilettes au moment de leur accouchement et ce n’est pas un hasard. Ce lieu leur procure simplement un sentiment d’intimité, de sécurité, de chaleur et une position favorable à la naissance.
2. Le processus de l’accouchement a besoin d’être respecté. Si on ne peut pas faire grand-chose pour accélérer ou améliorer le processus naturel de l’accouchement, en revanche, on peut éviter de l’entraver. En effet, trop perturbé, l’accouchement peut fortement ralentir voire carrément s’arrêter, ce qui forcément crée plus de complications. Cette possibilité de ralentir, voire stopper l’accouchement est bien utile quand il s’agit de fuir un prédateur et de se mettre à l’abri avant de continuer à accoucher. Dans nos contrées, nous sommes rarement poursuivies par un ours. Mais le fait de se sentir observée par des gens ou des machines (monitoring en continu), d’avoir peur ou de ressentir la peur des gens qui nous entourent, de devoir répondre à des questions (ce qui stimule le mental), d’avoir froid, de manquer d’intimité, d’avoir une lumière trop vive, d’être captive en ne bénéficiant pas de sa liberté de mouvement ou d’expression sont des éléments très perturbateurs qui peuvent avoir les mêmes effets que la présence d’un prédateur. Il est nécessaire que la femme satisfasse un certain nombre de ses besoins pour que la danse des hormones puisse se mettre en place et agir, afin que le processus de la naissance se déroule de façon fluide et sécuritaire.
De se sentir respectée dans ses choix. De se sentir respectée dans son rythme et celui du bébé qui est en train de naître. Que les personnes autour d’elle aient confiance dans le processus de la naissance et considèrent la femme et son bébé comme étant compétents. De bienveillance et d’amour.
D’être à l’abri du regard des gens avec qui elle n’a pas établi un lien de confiance fort. De ne pas se sentir surveillée de trop près par des gens (touchers vaginaux fréquents) ou des machines (monitoring en continu). D’avoir la liberté d’exprimer son animalité, sa femme sauvage, en bougeant et en faisant des sons, sans avoir le sentiment que cela dérange son entourage.
De lumières tamisées. Du moins de langage possible. D’une température suffisamment élevée lui permettant la nudité, la détente et le lâcher-prise. 3. Choisir le territoire de naissance
L’environnement de la naissance a donc un impact majeur, et c’est là que cela devient intéressant, car en Suisse dans le cadre d’une grossesse physiologique, c’est vous qui décidez de l’environnement dans lequel vous allez accoucher. Vous êtes responsables du choix de votre territoire de naissance. Le territoire de naissance, signifie le lieu dans lequel vous allez accoucher, ainsi que les protocoles et les personnes rattachées à ce lieu. Vous pouvez donc vous renseigner sur les différents lieux possibles (services de maternité, salles nature, maisons de naissance, domicile) et les protocoles qui y sont rattachés (touchers vaginaux fréquents ou non, approche hands off ou hands on, monitoring continu ou discontinu, ajout d’ocytocine de synthèse, …) ainsi que sur les personnes pouvant ou non être présentes de façon continue (la sage-femme, votre partenaire, votre doula). Cela vous permettra de faire un choix qui vous convienne et de respecter vos propres besoins selon votre histoire personnelle. Je vous rends attentifs au fait que le respect de vos droits n’est malheureusement pas toujours acquis et que les protocoles peuvent varier d’un hôpital à un autre, d’une maison de naissance à une autre, d’une sage-femme accoucheuse à une autre si vous donnez naissance à domicile. Alors renseignez-vous, visitez plusieurs endroits et n’hésitez pas à poser des questions. 4. Un secret bien gardé : Accoucher c’est douloureux. Oui, personne ne vous dira le contraire, quoique ? Certaines femmes, lorsque le processus physiologique de l’accouchement est respecté, sécrètent suffisamment d’hormones (dont les principales sont: ocytocine-hormone de l’attachement et du plaisir et endorphines-hormones euphorisantes et anesthésiantes) pour transformer radicalement leur façon de vivre les contractions. Alors, c’est clair que ça n’a rien à voir avec une péridurale qui vous coupe toutes sensations ou presque à partir du bas ventre. Vous ressentirez toutes les contractions de façon très intense. Mais une fois vos hormones pleinement en action, elles auront un premier effet qui vous permettra de vous déconnecter de votre néocortex, à savoir la partie de votre cerveau qui gère votre mental. Cela a pour conséquence bénéfique de diminuer la peur et la perception de la douleur. Puis le deuxième effet bénéfique de vos hormones sera de vous connecter à votre cerveau primitif, là où se trouve votre instinct. Et c’est cette partie de vous qui sait exactement quand, quoi et comment faire pour mettre au monde votre bébé. Grâce à la puissance de vos hormones, votre état de conscience sera modifié, votre interprétation des sensations créées par les contractions sera donc très différente. Les sensations vous serviront de guide pour savoir quelle position adopter. Vous pourrez alors peut-être ressentir votre bébé qui glisse à l’intérieur de votre bassin, jusqu’à ce que vous puissiez le (a)cueillir à son arrivée. En respectant la physiologie de l’accouchement, certaines femmes vivent même parfois des accouchements extatiques. Oui, oui, ça existe vraiment! Et je fais partie de celles qui peuvent en témoigner. Je n’aurai jamais imaginé cela possible. Je vous en parlerai peut-être plus en détail dans un prochain billet. La réponse à votre question est donc un grand OUI, mille fois oui, vous avez tout en vous pour enfanter votre bébé et le placenta qui vient avec. Les doulas sont là pour vous encourager à vous informer, vous écouter, vous soutenir, révéler vos ressources et mettre en avant vos compétences. Alors si vous avez envie d’être actrice/acteur de votre accouchement n’hésitez pas à prendre contact. Votre doula Valérie
0 Commentaires
|
BienvenueL’accouchement naturel vous attire. Toutefois vous avez quelques craintes et questions quant à ce que cela implique. Archives
Juin 2023
Catégories |